POÈME SUR L’ESSENTIEL

Poème composé pour l’EADIAB, Association pour l’Education Thérapeutique et l’Accompagnement des Diabétiques, et présenté à l’occasion des premières Rencontres d’Education Thérapeutiques du Patient qui ont eu lieu les 19 et 20 octobre 2012 à Annaba (Algérie).

 

 

Mielleuse amertume ou la « diable-bête »

 

Bien mauvais, nous dit-on, ce qui bon est au goût,
Je m’en suis délecté envers et malgré tout.
Ne daignant asservir mon envie au légume
J’aspire à consommer ce qui jà me consume ;
Qu’ils sont bons les bonbons, les babas et les choux,
M’en défend mon toubib qui me trouve trop doux,
Fallait-il qu’au gourmet tout excès soit nuisible,
Que ce mal soit en soi, indolore, invisible ?
Et si pour déguster, fût-ce, rien qu’un éclair,
Dois-je craindre la foudre à manquer d’y voir clair ?

 

Je pensais être fort et des plus invincibles,
J’ai goinfré mon compteur et sauté mes fusibles,
Mes ampoules, grillé jusqu’aux fils conducteurs
N’ayant pas observé les conseils des docteurs.
J’ai vécu pour manger et non mangé pour vivre,
Sobre ! Point je ne fus, bu jusqu’à en être ivre ;
Et ma tombe creusant, goulûment, de mes dents,
Je demeure pourtant, aux docteurs, dissident,
Et je bave devant les exquises traîtresses,
Fou ! A lâcher mon fou, répondre à mes faiblesses.

En mangeant je sustente un serpent dans mon sein,
Ce céraste en mon corps, s’y régale serein,
Il se love au dedans, m’imposant ses caprices
Me privant du meilleur de la table aux délices.
Alors qu’à son insu, je mangeais à ma faim,
Il a fait son chemin et scellé mon destin ;
Aussi pour l’affamer, en maso, je me brime,
Contraint à observer les rigueurs d’un régime,
Car mâcher aide Antée à se régénérer
Après qu’on eut marché en pensant l’écraser ;
Ce n’est point un combat mais plutôt une guerre,
Même en lui tenant tête on ne fuit la galère.


Enfin tout compte fait, qui des deux est fautif,
Est-ce lui ou bien moi, le gourmand abusif ?